Pendant les vacances de Pâques, sous l’accompagnement de Lena (Roodebeekcentrum) et Jochem (BEAM), un petit groupe d’ados s’est mis à la recherche ‘d’éléments poétiques’ dans les rues de Bruxelles. Les ados se sont inspirés de divers artistes audiovisuels dont ils ont pu découvrir le travail dans plusieurs institutions culturelles bruxelloises et, à l’aide de techniques expérimentales, ils ont mis en forme leurs impressions. Le tout a été présenté à l’occasion d’une exposition au Beursschouwburg.

Partenaires du projet:

  • Roodebeekcentrum: une maison de jeunes à Woluwe-Saint-Lambert.
  • Beam: le pôle de fonctionnement multimédia de JES vzw Bruxelles. BEAM signifie 'Brusselse Experimentele en Actieve Mediavorming' (Formation bruxelloise expérimentale et active aux médias). BEAM soutient l’animation jeunesse bruxelloise via des projets multimédia et organise des ateliers et des trajectoires média.

Comment s'est passée la collaboration entre partenaires ?

Lena, animatrice jeunesse au Roodebeekcentrum, est mordue de photo. Le Roodebeekcentrum dispose d’une chambre noire à l’ancienne. Les photos et les vidéos font indissociablement partie de la vie de l’adolescent moyen. Il existe une multitude d’apps et de programmes gratuits que les ados peuvent utiliser. Alors pourquoi pas donner l’opportunité aux ados de découvrir et développer leurs compétences dans ce domaine ?

Lasso a réuni le Roodebeekcentrum et BEAM. Lena était en charge de l’accompagnement général des ados, tandis que Jochem a été engagé pour son expertise en tant qu’artiste vidéaste. Lasso a cherché des activités liées à la thématique de la semaine, ainsi qu’un lieu qui puisse accueillir l’exposition. Pour le Roodebeekcentrum, cette collaboration représentait surtout l’opportunité d’offrir un panel plus large de possibilités pendant la semaine de stage.

Lors de la collaboration avec les institutions culturelles, nous avons remarqué la facilité qu’avaient certains animateurs culturels à interagir avec les jeunes, et le manque d’habitude qui se manifestait chez d’autres. Lena insiste sur le fait qu’introduire de l’interaction dans les activités ou de proposer aux jeunes d’effectuer des petites tâches pratiques, peuvent déjà fortement les stimuler.

Lena (Roodebeekcentrum) : Anne de Argos a donné une explication très brève aux ados et les a ensuite immédiatement mis au travail. Ils devaient, par deux, en étant dos à dos, se placer près d’une photo ou d’une œuvre d’art. Un adolescent avait les yeux bandés et disposait d’un cahier de croquis, tandis que l’autre devait décrire l’œuvre d’art au premier. C’est un exercice assez difficile et complexe, tout en restant accessible, amusant et drôle.

Jochem et Lena sont satisfaits de la façon dont ils ont pu collaborer : ils s’entendaient bien d’un point de vue personnel et pouvaient se compléter au besoin.


Jochem (BEAM) : Je travaille beaucoup avec les tout petits et les enfants, mais moins avec les ados. Ils se livrent beaucoup plus difficilement, ce qui m’a bloqué à première vue. Lena m’a rassuré en me disant que c’était tout à fait normal, que c’était propre à leur âge. Je me suis senti très soutenu par elle.

Lena (Roodebeekcentrum) : J’aime interagir avec les ados. Pour moi, accompagner ce projet aurait été difficile sans l’expertise artistique de Jochem. Cet échange était donc parfait.

C’était vraiment surprenant et rassurant pour moi que des organisations artistiques qui s’occupent de choses complexes parviennent à trouver des manières pour les transmettre clairement aux ados. Ça m’a donné de l’espoir!

- Lena (Roodebeekcentrum)

Comment impliquer les ados activement?

Les ados inscrits à la semaine étaient tous très intéressés par la photographie et le cinéma. Les accompagnateurs ont donc pu partir de ce que les ados connaissaient déjà et avancer à partir de là. Pour Jochem, il s’agissait surtout de canaliser les idées et de coacher les ados d’un point de vue artistique, sans perdre de vue le fait que tout ça devait rester fun.

Jochem (Beam) : En tant qu’accompagnateur, essayez de découvrir ce que les ados ont envie de raconter, faire, écrire, créer... Montrez un intérêt sincère. Regardez comment les choses peuvent trouver leur place au sein du groupe et du projet. Cherchez avec eux une histoire commune, qui parle à tout le groupe, mais ne perdez pas de vue pour autant la personnalité de chacun.

L’activité a été imaginée à l’avance par les accompagnateurs, mais les ados sont responsables presque entièrement de la création artistique et de l’aboutissement du projet.

Les animateurs jeunesse du Roodebeekcentrum connaissent la plupart des ados qui participent à leurs activités. Pour eux, il est important que les ados se sentent bien dans leur peau, qu’ils soient stimulés par les activités proposées et que l’activité soit bien encadrée.

Lena (Roodebeekcentrum) : Quand je travaille avec des ados, j’essaye de réagir avec enthousiasme à leurs idées et de leur donner beaucoup de reconnaissance. Les ados doivent se sentir bien dans leur peau en ta présence et dans ton fonctionnement, sinon rien ne va réellement pouvoir se passer et il faudra surtout gérer des conflits.

Quelles compétences ont été renforcées chez les ados ?

L’objectif principal de la semaine de stage était que les ados découvrent et/ou développent leurs compétences artistiques.

Au cours d’une séance de brainstorming, les ados ont choisi différentes techniques expérimentales pour mettre en forme leurs sensations : photos, films en timelapse et en stopmotion. Ils ont aussi visité diverses institutions culturelles bruxelloises. Au programme, il y avait une visite guidée sur l’histoire du cinéma, à la Cinematek ; une visite de l’exposition d’Alexis Destoop et un atelier interactif à Argos ; ainsi qu’une visite de l’exposition Higher Ground de Carl De Keyzer, au Botanique.

La semaine de stage s’est clôturée par une exposition au Beursschouwburg, où les ados ont bénéficié d’une visite guidée surprise en backstage, ce qui leur a donné la sensation de vivre quelque chose de vraiment ‘exclusif’.

Lena (Roodebeekcentrum) : Beaucoup d’animateurs jeunesse pensent qu’en travaillant avec des ados il ne faut pas rendre les choses trop difficiles ou leur proposer de trop grands défis, mais je ne suis absolument pas d’accord avec ça. L’important pour les ados n’est pas la thématique et la méthodologie du projet. Beaucoup de choses sont possibles, il faut surtout savoir comment les présenter. Si on avait dit le premier jour aux ados qu’ils devraient avoir réalisé un film eux-mêmes d’ici la fin de la semaine, ça aurait posé problème.

Facteurs de réussite & obstacles

Le fait d’avoir travaillé toute la semaine sans interruption, dans un lieu que les ados connaissent, a constitué un véritable atout. Le choix des activités a été très apprécié par les jeunes. Chaque journée était différente, ne laissant pas de place à l’ennui. Le moment d’exposition au Beursschouwburg s’est terminé en beauté, notamment grâce au support technique offert par le lieu.

Jochem (Beam) : Quand on met en place un projet artistique avec des ados, le processus est important, certes, mais, le résultat auquel on aboutit l’est aussi. Les bons souvenirs liés au déroulement du projet sont d’autant plus forts si on est réellement fier de ce qu’on a créé.

Malheureusement, cette semaine artistique n’a pas attiré autant de participants que souhaité. Selon les collaborateurs, ceci est dû à une communication insuffisante et au fait que les partenaires n’aient pas assez communiqué entre eux au sujet de la promotion. Néanmoins, le fait de travailler avec un groupe restreint a aussi des avantages: on peut les accompagner de façon plus intensive et les conflits sont plus facilement désamorcés. Les ados ont aussi considéré la taille du groupe comme un avantage.

Lena (Roodebeekcentrum): Quand j’ai expliqué, le lundi, à Félix, un de nos ados, qu’il y avait peu de participants à la semaine de stage, il a trouvé ça fantastique. Il l’a interprété comme : « J’aurai toute l’attention et je vais pouvoir m’en donner à cœur joie ». (rires)

Par ailleurs, on a été confrontés à quelques petits soucis qui sont propres à chaque projet. Par exemple, les partenaires externes n’avaient pas tous une approche adaptée aux ados, nous n’avions pas suffisamment réfléchi au contenu de l’exposition, il n’y a donc pas eu de fiche technique... Mais selon les accompagnateurs, c’est le genre de choses qui peut arriver, car on ne peut pas tout prévoir.

Karavane 1060 est une des bonnes pratiques décrites dans le Try Out Teens magazine. Téléchargez/commandez ici la publication pour découvrir plus de collaborations inspirantes.