Dans le cadre du projet Move It Kanal, Lasso a organisé un premier Think & Act autour de la thématique des festivals pour jeunes. Le 22 novembre, une trentaine de jeunes et d’animateurs de jeunesse et du secteur culturel se sont réunis au centre communautaire Vaartkapoen à Molenbeek pour échanger d’idées.

Ce Think & Act était une invitation au rêve, à l’imagination et à penser différemment. Les résultats de ce brainstorming seront intégrés aux premier projets pilotes, qui seront lancés au printemps 2018. Pendant le brainstorming, trois exemples concrets de festivals bruxellois pour jeunes ont été présentés: Ridé x rap festival, Festival Des Blocs et Ca vient de chez nous.

Ride x rap festival

Le Ride x rap festival s’est déroulé le 28 juin 2017 au parc de Woluwe-Saint-Pierre et a pu compter sur un grand intérêt du public. Quelque 1.300 jeunes entre 15 et 25 ans sont venus profiter d’un concours de skate, d’animations, de roodtrucks, d’un open mic et d’artistes comme Boka Moka et L’or du commun.

Manque d'espace pour les jeunes

En 2015, la commune de Woluwe-Saint-Pierre a fondé un conseil des jeunes faisant office de plateforme d'échange entre les jeunes et de porte-parole envers les autorités communales. Il s’est rapidement avéré qu’un lieu de rencontre, un skatepark et une maison de jeunes se trouvaient en-haut de la liste d’envies. Le processus participatif qui a suivi, a mené à la création de maisons de jeunes temporaires en mode ‘pop-up’.

Cependant, le sentiment dominant chez les jeunes était que le chemin administratif était long et compliqué et que les solutions définitives continuaient à se faire attendre. C’est pourquoi le centre communautaire Kontakt a pris l’initiative d’organiser un festival pour et par les jeunes. Le but était que les jeunes puissent réclamer un endroit au sein de la commune et qu’ils puissent montrer de quoi ils étaient capables. Dans l’attente de la construction d’un skateparkou d’une maison de jeunes, on a décidé de réaliser un projet à court terme.L’idée du Ride x rap festivalétait née!

Bottom-up

En 2016-2017, une trentaine de jeunes s’est réuni toutes les deux semaines sous l’accompagnement du centre communautaire Kontakt pour discuter de tous les aspects organisationnels du festival. Kontakt s’est chargé de l’encadrement et de la supervision, mais ce sont les jeunes eux-mêmes qui ont pris les choses en mains. Ce sont également eux qui étaient responsables le jour Jet ils se sont chargés de la logistique et de l’organisation pratique. Ce processus ascendante (dite ‘bottom-up’)a donné un superbe résultat. Après une semaine de préparation intensive, quelque 1.300 jeunes ont profité du festival, tandis que les skatersont pu montrer leurs talents dans le skatepark temporaire. Regardez ici une vidéo du festival.

Résultats

La commune de Woluwe-Saint-Pierre a la réputation d’être une commune riche avec une population vieillissante. Pourtant, beaucoup de jeunes y habitent, même si ce groupe n’est pas toujours visible en raison du manque de lieux prévus pour eux. Le Ride x rap festival a donné une voix aux jeunes. En organisant leur festival, ils ont remis l’accent de manière ludique sur leur demande exprimée aux autorités communales de construire un skatepark, une maison de jeunes et un lieu pour faire la fête. Les jeunes impliqués ont appris à organiser un festival et à prendre des responsabilités, en collaborant avec différents partenaires et en allant au-delà des frontières linguistiques. Mais ils ont également vécu d’importantes leçons de vie:

Ca prend du temps, mais ça donne de la valeur à la vie, parce qu’on apprend à travailler ensemble au sein d’une équipe avec des personnes d’un autre milieu et qu’on ne connaissait pas forcément à la base.

- Vrijwilliger Ride x rap festival

Grâce au grand succès de cette première édition, la seconde édition du Ride x rap est désormais en pleine préparation. Un nouveau groupe de jeunes engagés se donne corps et âme à l’organisation de leur propre festival le 27 juin 2018.


Festival Des Blocs

Le 30 septembre 2017, Les Meutes et City-Zen ont organisé ensemble la première édition pluridisciplinaire et participatif du Festival Des Blocs à la Cité Modèle à Laken. L’affiche du festival témoigne d’une large offre en matière de musique, de théâtre, de cinéma et de photographie. Les moments de présentation du résultat des divers workshops ont bénéficié d’une place particulière au sein du programme varié.


Le Festival Des Blocs doit sa création à la rencontre fertile entre Les Meutes et City-Zen. Les Meutes est un collectif pluridisciplinaire bruxellois. En plus de leurs productions musicales, théâtrales et audiovisuelles, ils organisent des événements mettant l’accent sur la diversité, la participation, la médiation culturelle et la reconstruction du tissu social. City-Zen a été créé en 2014 par quatre jeunes de la Cité Modèle. Se retrouvant à 18 ans face à une offre de loisirs quasi inexistante dans leur quartier, ils ont décidé de monter leur propre structure. Leur asbl, s’adressant aux jeunes de 18 ans, souhaite améliorer la cohésion sociale et stimuler la cohabitation dans le quartier. Tant Les Meutes que City-Zen ressentaient la nécessité d’un festival pour et par les jeunes et se sont donc associés.

Cité Modèle – de Bach à beats

Le festival s’est déroulé dans différents lieux de la Cité Modèle à Laeken. Ce quartier a été implanté à l’occasion de l’Expo 58 et devait illustrer l’avant-gardisme de la Belgique en matière d’habitation et de logements sociaux. Le quartier est de caractère ‘concentré’ et forme un monde en soi. Pour briser cette image, des activités ont été organisées dans différents lieux du quartier, tant à l’intérieur (halls d’entrée, appartements, garages,...) qu’en plein air. Depuis octobre 2015, Les Meutes organise des ateliers et des workshops autour de la musique, du cinéma, de la photographie et du théâtre avec les habitants de la Cité Modèle. En plus du line-up officiel du festival, les résultats de ces trajectoires participatives ont été présentés en avant-première pendant le festival.

Le Festival Des Blocs a misé fortement sur l’amélioration de la cohésion sociale. Avec son vaste programme artistique – de Bach aux beats – le festival s’adressaità un public diversifié, visant tant les habitants de la Cité Modèle que les personnes qui n’y habitent pas. Le mélange des publics était ainsi un des objectifs sous-jacents du festival.

Le festival doit notamment son succès au mariage réussi entre les deux organisations partenaires. Notamment la présence de Karim Akalay de City-Zens’avère cruciale pourque les habitants locaux s’engagent dans le processus participatif de Les Meutes. En tant qu’habitant et ‘ancien’, Karim connaît bien le quartier et les gens, et son réseau est le garant d’une grande implication locale. Il est une qui assure un bon ancrage local et une forte participation. Les organisateurs insistent aussi sur l’importance du facteur temps. Le festival est en effet le résultat de deux ans de travail sur le terrain et n’est qu’un chainon dans une histoire bien plus longue.

On parvient à monter la barre artistique avec ces jeunes parce qu’ils se mettent eux-mêmes aussi à avoir des exigences artistiques. On les encourage à aller plus loin.

- Dimitri Petrovic, Les Meutes

Pour les organisateurs, le défi consistait à conserver un juste équilibre entre le caractère social et artistique du festival. Les Meutes insistait surtout sur l’importance du résultat artistique. En mettant la barre très haut d’un point de vue qualité, les participants pouvaient être fiers du résultat obtenu, ce qui renforçait l’aspect social.

Ça vient de chez nous

Accompagnés par le rappeur bruxellois G.A.N., les jeunes de la maison de jeunes Chambéry (D’Broej) à Etterbeek ont organisé le festival de musique Ça vient de chez nous. Le 28 avril 2017, les jeunes ont montré qu’ils pouvaient être fiers de Bruxelles et que les talents se trouvaient parfois littéralement au coin de la rue. Ça vient de chez nous a misé sur la musique, la danse et l’image comme agent liant entre les différentes cultures, quartiers et langues. Parmi les artistes figuraient Frenetik, D.A.V., Mike Moore, Jeny Bsg (dance crew), TiiwTiiw, Wills, Lous, G.A.N. (Ghandi).

'Lokale helden'

Les animateurs de jeunesse de la maison de quartier Chambéry (D’Broej) à Etterbeek envisageaient déjà depuis quelque temps de créer un évenement avec les jeunes, en partant de leurs idées et leurs envies. Comme la musique occupe une place importante dans le quotidien des ados, Lokale Helden (traduit: Héros Locaux) fournissait le cadre le plus approprié. Lokale Helden est un événement annuel, organisé par Poppunt, qui veut mettre en avant-plan les talents musicaux locaux. D’Broej a décidé avec les jeunes d’organiser une variante locale de Lokale Helden. En plus de la musique, d’autres disciplines y seraient également intégrées. L’organisation et la responsabilité de l’événement ont été mises au maximum entre les mains des jeunes, allant des demandes de subsides à la présentation.

Une telle approche exigeait beaucoup de confiance de la part des accompagnateurs qui devaient oser lâcher prise et accepter que les jeunes apprennent en faisant des erreurs. Trouver la bonne posture en tant qu’accompagnateur était donc une recherche constante d’équilibre. Les animateurs de jeunesse souhaitaient en effet que les ados puissent prendre l’initiative le plus possible, tout en veillant à ce qu’un mini festival voit bel et bien le jour de manière professionnelle.

Tonton G.A.N.

Pour aider les jeunes concrètement et les motiver, D’Broej a fait appel à un parrain pour le festival. Ceci en la personne de l’artiste G.A.N. qui accompagnait les jeunes aux côtés des collaborateurs de D’Broej. Il participait aux réunions pendant tout le processus. Il agissait comme modèle et montrait aux jeunes comment composer un programme, s’adresser aux artistes, rédiger des contrats etc. L’implication de G.A.N. a motivé les ados à venir aux réunions à la maison de jeunes et a baigné le projet dans une ambiance positive. Tout le processus s’est déroulé sur une période très courte, ce qui a engendré des contraintes de temps, mais a aussi poussé tout le monde à obtenir des résultats concrets en peu de temps, ce qui a réduitle risque de décrochage des jeunes.

Pour des raisons pratiques et budgétaires, il n’y aura pas de nouvelle édition de Ça vient de chez nous l’année prochaine. Mais les jeunes sont à juste titre fiers du résultat et sont impatients de s’y remettre! Les premiers pas ont d’ores et déjà été posés pour donner une suite à ce projet.

Une plus grande confiance en soi


Ça vient de chez nous avait d’une part pour but d’offrir des opportunités de scène à des , et d’autre part d’apprendre des à des jeunes qui ont souvent des expériences d’apprentissage plutôt négatives. C’est pourquoi la maison de quartier Chambéry (D’Broej) a également misé sur l’empowerment des ados qui apprenaient au fil du temps à prendre des responsabilités et qui voyaient leur confiance en eux se renforcer grâce aux expériences réussies.

Sans vraiment s’en rendre compte, ils ont aussi beaucoup appris. Il y a plein de talent, et on peut être super fiers de ce qui se passe ici. Il n’y a pas que Stromae et Vincent Kompany, mais bien plus encore.

- Lies Verhoeven, Chambéry


--

Le projet Move It Kanal, porté par Lasso, et Erasmushogeschool Brussel, a pu être mis en place dans le cadre du programme opérationnel FEDER de la Région de Bruxelles-Capitale. Dans ce cadre, près de 2.1 millions d’euros ont été investis dans le projet, dont 50% ont été pris en charge par les autorités européennes et 50% par la Région. L’objectif poursuivi ici par la programmation FEDER est de renforcer la participation culturelle des jeunes dans le territoire du canal .

Le FEDER (Fonds européen de Développement Régional), est un outil de la politique régionale européenne qui a pour objectif de créer de nouvelles opportunités pour les citoyens européens et de réduire les écarts de niveau de vie entre les régions. C’est un outil d’investissement de solidarité de l’UE, qui influence, grâce aux financements européens et régionaux, notre quotidien à tous.

Le projet est cofinancé par la VGC.