
Try Out Teens | La maison de jeunes 'De Branding' se laisse inspirer
L’activité des maisons de jeunes de JHOB se réduit souvent à la mise en place d’un bar, à l’organisation de soirées et à d’autres activités de ce type. JHOB souhaite que leurs maisons de jeunes bruxelloises élargissent leur panel d’activités. Lasso a donc conseillé l’équipe de JHOB pour la mise en place de projets artistiques. La maison de jeunes De Branding a débuté par des ateliers, notamment autour du slam, du graffiti, de la danse, du calligraffiti. Des ateliers de photo, de stop motion et de vidéographie ont aussi été planifiés, et les ados souhaitent monter leur propre studio de musique, en lançant un crowdfunding
Partenaires du projet:
- JHOB
Organisation coupole qui soutient les maisons de jeunes bruxelloises et leur donne de nouvelles impulsions. - De Branding
Maison de jeunas à Jette, membre de JHOB.
Comment s'est passée la collaboration entre les partenaires?
Jonas (De Branding) : Au début, les jeunes nous demandaient « d’organiser une soirée jusque 4 heures du matin ». Chose impossible avec la commune et le quartier. Il faut tout arrêter à 1h. Alors les jeunes étaient déçus. Je leur ai dit qu’il y a par contre des moyens disponibles pour faire des ateliers, ce qui ne les excitait pas vraiment. On a quand même organisé des ateliers avec eux et ils se sont rendu compte que ça n’était finalement pas si ennuyeux que ça. Certains ont décroché parce qu’ils ont réalisé que ça n’était pas vraiment leur truc, mais d’autres sont arrivés et se sont vraiment bien plu. Désormais, De Branding est devenu un lieu où tout est axé sur la rencontre et où on propose des ateliers presque chaque semaine.
Les ateliers sont donnés par des accompagnateurs externes ou par des jeunes de la maison de jeunes. Le nombre de participants varie en fonction du type d’atelier : il oscille entre cinq et dix participants. Pour rendre les ateliers le plus accessible possible, ils sont tous gratuits et ils se déroulent au Branding ou dans les environs. Dans la mesure du possible, tout est organisé par les jeunes eux-mêmes.
Les services communaux et les écoles de Jette participent à la diffusion de l’information. Les collaborations avec le 'Gemeenschapscentrum' (Centre culturel) concernent les moments d’exposition. Dans le futur, on aimerait investir davantage l’espace public, c’est pourquoi la commune est un partenaire important.
Comment impliquer les ados activement ?
Certains ateliers sont donnés par des organisations externes et sont donc plutôt considérés comme une offre adressée aux jeunes. D’autres ateliers, par contre, se définissent par le fait qu’ils impliquent les jeunes dans l’organisation-même des ateliers. Cette différence apparait dans le type de participants qui y assistent. L’offre externe attire surtout des jeunes qui fréquentent régulièrement la maison de jeunes, ainsi que des jeunes qui ont vu l’affiche annonçant l’atelier à l’école. Les ateliers organisés par les jeunes sont surtout populaires dans les réseaux des jeunes qui les organisent et sont principalement diffusés par le bouche à oreille.
Les maisons de jeunes bruxelloises de JHOB souhaitent que les ados aient force de décision dans les projets qui sont mis en place. Depuis plusieurs années, celles-ci développent des méthodologies pour soutenir les ados dans leurs prises de décisions. Cette approche commence à porter ses fruits : les ados formulent davantage de propositions d’activités, même si, dans la plupart des cas, ce sont encore les animateurs jeunesse qui donnent la première impulsion, par exemple en leur suggérant de repeindre un mur.

Jonas (De Branding) : Ce qu’on fait doit interpeller les jeunes. Ça leur plait peut-être de faire quelques fois du graffiti, mais ils risquent très vite de se lasser et de demander de vouloir faire autre chose. Il faut accompagner ce mouvement et chercher avec eux ce qu’ils peuvent faire, également d’un point de vue financier.
Il n’est pas non plus nécessaire que les jeunes demandent l’autorisation pour chaque chose qu’ils veulent faire. L’important est de les pousser à utiliser leur bon sens. Ils peuvent aussi, dans une certaine mesure, utiliser l’argent de la caisse. C’est un bon apprentissage.
Jonas (De Branding) : Nos jeunes ont leur propre système de caisse qui leur permet d’utiliser tout l’argent qui rentre en caisse pour d’autres choses. S’il fait beau et qu’on décide de faire un barbecue, ils utilisent l’argent de la caisse et je ne suis pas obligé de tout le temps sortir notre carte de banque. Ça crée un contrôle social sur la caisse et ainsi ils savent aussi que quand il n’y a plus d’argent, il est temps de faire des économies.
Quelles compétences ont été renforcées chez les ados ?
Avec les ateliers, la maison de jeunes De Branding mise sur le développement des capacités organisationnelles et sur le développement des compétences artistiques. Pour ce qui est des compétences, nous mettons en place un processus créatif qui permet aux jeunes de grandir petit à petit. Les accompagnateurs font en sorte que les ados utilisent les ateliers comme soupape artistique, qu’ils puissent y exprimer leurs histoires personnelles, et en faire un produit fini qui soit vraiment cool. Par la même occasion, ce processus offre tant à l’animateur jeunesse qu’aux jeunes une accroche pour entamer une conversation spontanément, ce qui vient également renforcer l’esprit de groupe.

Jonas (De Branding) : Quand on fait du slam, on écrit à propos des choses qui nous (pré)occupent. Si tu passes une mauvaise journée, tu écris au sujet de ta mauvaise journée. Si tu es amoureux, tu parles de ça. Certains jeunes ont des expériences négatives avec la police. Ça transparaît alors dans leurs textes. Avec calligraffiti, ils reçoivent un canevas blanc sur lequel ils peuvent gribouiller, tout en étant accompagnés. Ainsi, on voit par exemple quels mots ils utilisent et quels lieux ils fréquentent. Il y a aussi une fille de 13 ans qui participe. Elle vient des Pays-Bas et elle écrit au sujet de son emménagement à Bruxelles.
Avec les ateliers et les moments d’exposition, Jonas souhaite aussi mettre les jeunes en contact avec des organisations et des lieux en-dehors de la maison de jeunes, à un niveau local mais aussi à l’échelle de la ville entière.
Jonas (De Branding) : Une maison de jeunes doit selon moi être plus que juste un lieu où on aime flâner. Je trouve que les ados doivent aussi y acquérir des compétences. On peut apprendre aux ados à chercher eux-mêmes des partenaires pour les ateliers qu’ils souhaitent faire et les laisser les organiser eux-mêmes. Pendant l’atelier en tant que tel, ils apprennent non seulement des savoir-faire comme le graffiti, l’écriture de textes ou la danse, mais aussi l’expression artistique.
Pour l’accompagnement, on fait appel tant à des organisations professionnelles (Urban Woorden, Graffiti vzw...) qu’à de jeunes photographes ou danseurs amateurs. À la maison de jeunes, on compte sur le fait que les jeunes, après un certain laps de temps, se sentent suffisamment compétents pour donner eux-mêmes un atelier.
On connaît bien les ados, mais on est parfois stupéfaits des compétences cachés qui émergent pendant les ateliers et qui s’avèrent en outre être l’occasion idéale pour en apprendre plus sur ce qui se passe chez les ados. Des difficultés à la maison, à l’école ou même avec la police : tout ça s’exprime par le biais de l’expression artistique...
- Jonas (De Branding)
Facteurs de réussite et obstacles
Pour qu’un projet réussisse, il faut que celui-ci touche réellement les jeunes. Pour cela, il faut leur donner des responsabilités, les soutenir quand c’est nécessaire et les écouter.
Jonas (De Branding) : Ça fonctionne assez bien de donner plus de responsabilités aux ados pour des choses qu’ils peuvent faire eux-mêmes. Vous pouvez créer l’offre la plus chère du monde, si elle ne prend pas en compte les envies des ados, il n’y aura pas un chat.
La communication est une difficulté récurrente. Comment atteindre les ados qui ne connaissent pas encore les activités ? Comment faire en sorte qu’ils soient au moins au courant de l’offre proposée? Il est nécessaire que des ados motivés continuent à rejoindre la maison de jeunes, parce que ceux-ci deviennent ensuite des sortes d’ambassadeurs par rapport à l’offre qu’ils vont créer eux-mêmes. Ça implique une base solide de moyens, de collaborateurs et de partenaires.
Une autre difficulté que nous rencontrons, est le mécanisme d’exclusion sur base des différences entre les jeunes. Les ados viennent en groupe aux activités et ont parfois tendance à rejeter l’une ou l’autre personne. Ils préfèrent ne pas se mélanger.
Jonas (De Branding) : On doit faire attention au phénomène de ‘petits groupes’, où ce sont toujours les mêmes petits groupes d’ados qui viennent, tandis que d’autres restent inatteignables. Ce phénomène a aussi comme répercussion le fait que, quand un certain groupe participe, l’autre ne vient pas. Quand les filles sont là, les garçons sont absents, et inversément. Ou bien on ne voit parfois que les scouts, ou les jeunes du collège, et personne d’autre. C’est un problème auquel les autres maisons de jeunes ont déjà été confrontées. Le défi reste de toute façon d’attirer un public plus large que celui qu’on a déjà.
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