‘Projectwww’ était un projet d'arts de la scène destiné aux jeunes. Ce projet de trois ans a vu le jour sous l'impulsion de Zinnema, en collaboration avec une vingtaine d'organisations partenaires. Audrey Leboutte assure la coordination artistique. Anne Ballon était coordinatrice du projet dans le cadre de la deuxième édition. Elles reviennent ensemble sur ces trois années de projectwww.

Lasso: De quelle manière étiez-vous impliquées dans le projet ?

Audrey: Dans un premier temps, j’ai suivi le projet de loin. Ce n’est que lorsque mes collègues Jan et Abdelmalek, qui avaient rédigé le dossier, n’ont plus été en mesure de le poursuivre que j’en ai pris la responsabilité. J’ai maintenu le contact avec L.E.A.D. et les coachs et j’ai élaboré le planning didactique. Puis, j’ai été impliquée dans le suivi des partenariats. J’ai appris à me familiariser avec le fonctionnement des centres culturels et socio-culturels. Sans compter que je dirigeais la coordinatrice du projet et que je participais au suivi du budget.

Anne: J’ai été nommée coordinatrice du projet en septembre 2002. À ce titre, j’ai suivi le planning et le budget, j’ai pris les bonnes dispositions avec les coachs et j’ai participé à l’organisation des master classes. Les visites d’écoles, les journées de présentation, les répétitions et les représentations faisaient également partie de mes attributions. Comme j’ai une formation cinématographique, j’ai aussi travaillé sur deux mini-documentaires portant sur le projet. Je me suis également beaucoup consacrée à la communication.

Il y a eu trois coordinateur.ice.s de projet au total. Quel bilan en tirez-vous ?

Audrey: Lorsque les consignes sont claires, les choses se déroulent généralement bien. Les coordinateurs en question se sont appropriés le projet lors des deux éditions et des outils ont été développés, qui seront certainement utiles à l’avenir. Les choses se sont avérées un peu plus compliquées au cours de l’année de réflexion. Comme le coordinateur de l’époque n’avait suivi aucune des éditions de près, il lui a été difficile de définir son rôle.

Anne: Le fait que la coordination du projet change chaque année est relativement complexe. Avec ce que je sais aujourd’hui, j’agirais déjà différemment. Il m’a également fallu un certain temps pour maîtriser le projet et évaluer les attentes des partenaires.

La transposition ne s’est pas toujours déroulée sans heurts. Il est possible que l’ambition ait été trop élevée et que certains partenaires aient été dépassés.

- Audrey

Audrey: Une personne rédige le dossier, une autre se confronte à la réalité pendant la mise en œuvre, et un autre coordinateur encore doit être intronisé... Tout cela est loin d’être évident. Ajoutez à cela le fait qu’une édition s’est déroulée en pleine période de covid alors que l’autre a pu se dérouler normalement. C’est dire si l’approche a été très différente entre les deux éditions, ce qui n’a pas été sans conséquences sur le planning et le budget.

Il s’agissait d’un projet assez ambitieux, avec de nombreux objectifs réunis en un seul plan. Quel sentiment en gardez-vous ?

Audrey: Je suis une adepte du principe ‘Go Big or Go Home’ ; pour ma part, j’ai apprécié qu’il s’agisse d’un projet ambitieux. Toutefois, je me demande si les attentes ont été bien communiquées, surtout vis-à-vis des partenaires. Nous avons dû promouvoir la complexité du projet tout en transmettant correctement l’objectif et les attentes. Zinnema a délivré un format avec des coachs et une certaine méthode de travail, mais la mise en œuvre pratique devait être adaptée à la région. C’est en effet là que se trouvent les partenaires qui connaissent le mieux leur région et leurs jeunes. Car ce qui fonctionne ici fonctionne moins bien ailleurs et vice versa. Par conséquent, la transposition ne s’est pas toujours déroulée sans heurts. Il est possible que l’ambition ait été trop élevée et que certains partenaires aient été dépassés.

Anne: La difficulté majeure a été de susciter un soutien ou une appropriation suffisantes parmi les différents partenaires, qui avaient tous des attentes différentes à l’égard du projet. Comment pouvions-nous faire en sorte qu’il soit aperçu comme un projet à part entière dans les différentes régions ? C’est toujours un défi à relever. Zinnema a souvent fait figure de ‘déclencheur’. L’un des partenaires mettait un local à disposition, l’autre s’occupait de la communication, mais la motivation collective pour le projet n’était pas toujours visible. Il a fallu beaucoup de temps pour tout harmoniser.

Je trouve formidable que ce mélange de jeunes, qu’ils se soient présentés individuellement ou en groupes très hétéroclites, ait débouché sur un groupe très uni.

- Anne

Qu’est-ce qui vous procure le plus de satisfaction lorsque vous faites le bilan de ces trois années de projectwww ?

Audrey: C’est d’avoir réussi à former un nouveau groupe diversifié de coachs en éducation artistique, qui sont tous repré-sentatifs de ‘l’urbain’. Ayant grandi dans le même contexte multilingue et urbain que nos jeunes, ils peuvent revêtir une réelle signification pour eux. La plupart des coachs ont participé aux deux éditions et ils ont visiblement pris de l’assurance, un sens de l’initiative et une capacité à s’approprier le projet. Bien que les deux éditions de projectwww aient été très différentes, nous avons clairement vu que l’encadrement des représentations a gagné en qualité lors de la dernière en date.

Anne: L’une de nos grandes forces est d’avoir réuni des partenaires au-delà des frontières de la région, ce qui nous a permis d’atteindre un groupe particulier de jeunes. Je trouve formidable que ce mélange de jeunes, qu’ils se soient présentés indivi- duellement ou en groupes très hétéroclites, ait débouché sur un groupe très uni. Dommage que très peu de garçons aient participé ; c’est un point sur lequel nous allons réfléchir.

Audrey: L’interaction entre jeunes était très forte, de même qu’entre les différents groupes. Les jeunes qui ont pris part aux deux éditions ont littéralement grandi. Cela peut paraître anecdotique, mais je suis toujours ravie de voir les jeunes se balader en chaussettes à Zinnema. C’est un signe qu’ils se sentent vraiment chez eux. Ces chaussettes sont un repère important pour moi.

Anne: Ce n’est qu’à la fin des représentations que l’on mesure l’importance de cette trajectoire pour les jeunes. Personnellement, j’avais des réserves sur le contenu d’un des spectacles, mais quand on regarde l’ensemble, on se rend compte que ce fut une grande chance pour les jeunes. La chance de faire valoir leur talent pour porter leur propre histoire sur scène, et de le faire devant un public du même âge qu’eux... C’est l’essence même du projet !

Vous trouverez plus d'interviews et de conseils dans la publication projectwww : parcours innovant pour jeunes autour des arts de la scene !