L’objectif du projet pARTicipe! est d’expérimenter de nouvelles façons de travailler ensemble autour de la culture. Cela se fait par le biais de terrains d’essai proposés à des groupes d’enfants ou d’adolescents d’une association de jeunes ou à une (communauté d’) école(s), sous la supervision de coachs.

L’association pour la jeunesse Chambéry (D’Broej) a été la première à rejoindre le projet. Un groupe d’adolescentes a entamé un atelier consacré au vlogging (= blogging sous forme de vidéos), animé par le vidéaste Thierry Errembeault. Lorsque le Corona chamboula tout, le projet prit une tournure plus numérique, en ligne. Dans un article précédent, nous avions demandé à Thierry et à Johanna (Chambéry) quelles étaient leurs premières impressions. À présent, nous leur demandons leur avis sur leur collaboration.

Comment se déroulaient les séances ? Comment avez-vous procédé ?

Johanna : Le projet s’est inscrit dans le cadre de l’atelier hebdomadaire de stimulation multimédia et linguistique 'Les reporters'. Des six sessions qui ont eu lieu, quatre ont été supervisées par Thierry. La première session était une séance d’essai. La dernière, une session d’évaluation. Jusqu’à la fin du projet, nous avons eu un taux de participation élevé. Nous avons espacé les sessions pour laisser aux participantes deux semaines entre chaque session, pour terminer les missions en cours et pour préparer la suivante. 

Thierry : La durée des sessions ne dépassait pas les 60 à 90 minutes. Pour les ateliers en ligne, il était possible de prévoir plus de temps. L’objectif était aussi de confier aux adolescentes des travaux pratiques après chaque session. Là, ce fut un succès plus variable. Surtout dès que l’école a repris, nous avons compris qu’il ne fallait pas en demander (ni en attendre) trop. 

Comment avez-vous stimulé l’interaction et donné un côté ludique aux sessions ?

Johanna : Dès la première séance d’essai, j’ai remarqué qu’ils aimaient jouer à des jeux. Nous en avons essayé plusieurs :

  • 'Pim Pam Pet' : trouvez un objet qui commence par la lettre untel
  • Quiz (musical)
  • Je vois, je vois ce que tu ne vois pas…
  • Bruit à faire deviner
  • Mimes (mots, personnages… à mimer)
  • Dites un nombre (à chaque nombre correspond un défi)
  • Des missions auxquelles tout le monde pourrait participer en même temps. Par exemple, se rendre à cloche-pied à la cuisine pour prendre les ingrédients pour faire des crêpes.
  • Dites une vérité et un mensonge et les autres devront deviner quel est le mensonge.

Thierry : J’ai découvert une foule de jeux et de petits défis énergisants que l’on peut faire via Zoom. Nous avons toujours fait le lien avec le vlogging, la vidéo et la cuisine. Pour la troisième séance, Johanna a suggéré d’être plus ludique : leur demander de se concentrer entièrement sur le résultat final – créer et développer son propre vlog de cuisine - aurait été trop lourd. C’est pourquoi nous avons plutôt organisé un Méga Quiz qui a dynamisé les troupes. Le groupe a été divisé en équipes, chacune devant trouver un nom de vlogger unique. Chaque équipe avait son propre espace de tchat privé, pour échanger pendant le quiz. 

Êtes-vous satisfait(e) de l’accompagnement que vous avez pu offrir, malgré la situation liée au COVID-19 ?

Johanna : Il est évident que les adolescentes ont eu plaisir à se retrouver autour d’un projet. Elles ont aussi beaucoup appris. Les contacts avec les parents se sont déroulés sans difficulté et de manière agréable, dès les premiers appels téléphoniques, puis par e-mail et SMS pour le transfert d’infos. Nous avons toujours eu un bon taux de réponse. Le lien avec les parents s’est renforcé grâce à cette expérience. Je leur suis également très reconnaissante de voir qu’ils sont prêts à faire sans cesse des efforts pour leurs enfants.

J’ai passé un bon moment au début et à la fin de la séance virtuelle avec les adolescentes qui se connectaient en premier et se déconnectaient en dernier. 

- Johanna

J’avais mis au point tout un programme pour arriver à un résultat final défini, à savoir que chaque participante filme une recette avec une intro et une conclusion, une belle transition et un montage. Malheureusement, c’était trop ambitieux à réaliser, vu les mesures de distanciation physique et certaines limites techniques. D’autre part, c’était l’occasion de faire quelque chose de différent et de tester d’autres possibilités. Avec la caméra, vous pouvez jouer avec le cadre, l’environnement, vous cacher, bavarder, utiliser un tableau blanc, etc.

Chez nous, pendant le confinement, on a pleinement expérimenté avec la caméra.

- Participant

Quel regard portez-vous sur votre collaboration ?

Johanna : La collaboration avec Thierry a été très agréable. Il se trouve que nous avions un style d’humour fort semblable lors des ateliers. Il était à l’aise et respectueux envers le groupe. Nous avons été très flexibles. La communication était fluide. Ce qui a permis de perfectionner notre approche en vue du quatrième et dernier atelier.

Thierry : J’ai vraiment apprécié travailler avec Johanna. Nous étions très complémentaires. Je lui soumettais mes préparations et elle me communiquait ses remarques avant chaque séance. Avec de bonnes idées et des remarques judicieuses. Elle connaissait bien les ados et savait mieux comment les prendre. Tout s’est déroulé très naturellement.

Par cette manière différente de travailler, le lien avec les adolescentes semble s’être renforcé. Le groupe était ravi que nous tenions à ce que ces ateliers aient malgré tout lieu en pleine période COVID, où il ne se passait rien de particulier dans leur vie. Elles nous en sont reconnaissantes. 

- Johanna

Quels étaient les obstacles ?

Johanna : La technique a été et reste l’aspect le plus délicat et difficile. La connexion Internet n’était pas toujours bonne partout. En général, le conseil de se rapprocher de la box a heureusement aidé. Zoom nous a laissés en plan lors de la première session, nous obligeant à utiliser une autre plateforme en ligne. Faire fonctionner les microphones ou les caméras n’a pas toujours été facile. Au début de chaque séance, il fallait parfois un certain temps avant que toutes les adolescentes soient connectées, pour diverses raisons. Cependant, au fur et à mesure que les sessions avançaient, cela se passait de mieux en mieux.

La première vidéo que nous avons dû réaliser à la maison a pris beaucoup de temps et n’a pas été évidente à envoyer.

- Participant

Comment jugez-vous le chemin parcouru ?

Johanna : Nous avons beaucoup appris, parce que c’était une expérience, un laboratoire. Une énorme évolution a été constatée entre la première et la dernière session. Il y a des enseignements à tirer et à appliquer dès le départ, la prochaine fois.

Thierry : C’était une mission très stimulante, avec de nombreux défis complexes. J’aimerais le refaire, par exemple pour améliorer la qualité des ateliers. C’est un processus avec essais et erreurs. On retient ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné, tant sur le plan technique que social.

Conseils de Johanna & Thierry pour un projet vidéo créatif avec un groupe d’adolescents

  1. Avoir une bonne entente avant même le début d’un projet (virtuel) est important. La dynamique de groupe doit être bonne. Les participants doivent avoir envie de se revoir et de retrouver l’animateur.
  2. Organisez à l’avance une séance d’essai. Donnez à chacun le temps d’allumer et d’éteindre la caméra, de tester le micro et de prendre ensemble des engagements.
  3. Travailler en binôme. Par exemple, avoir une personne qui élabore le contenu et une autre qui s’occupe de l’aspect social, vous avez une énorme valeur ajoutée.
  4. Assurez-vous d’avoir suffisamment de missions interactives, afin de ne pas avoir de « moments morts » où l’un des superviseurs doit sur-le-champ improviser et trouver une activité à faire.
  5. Idéalement, une session dure +/- 60 min. Notre groupe était composé de 10 personnes. Une session virtuelle est plus intensive qu’une séance en présentiel. Le défi est de garder un rythme court et dynamique, ce qui nécessite une préparation minutieuse.
  6. Tout prend plus de temps que prévu. Sachez que vous ne pourrez pas faire tout ce que vous aviez préparé. Il y a toujours des imprévu(e)s, des choses qui prennent plus de temps. Osez réajuster et adapter votre programme.